Elles s’appellent Marisha et Isabelle. Deux sœurs, deux adolescentes de Goma, arrachées brutalement à leur maison, à leur école, à leur enfance. Un jour de mars 2025, les armes ont grondé plus fort que les voix des enseignants. Leur quartier a été pris dans les combats. Sans papiers, sans appui, mais pas sans courage, les parents ont pris la route avec leurs deux filles. À pied. En camion. En avion. D’une ville à l’autre. En silence. Vers le Sud. Vers la paix.
Leur périple a duré plusieurs semaines. Des kilomètres avalés sans certitude. Des nuits à ne pas dormir. Des contrôles militaires. Des regards hostiles. Mais à chaque instant, leur mère répétait la même chose : « Je veux qu’elles finissent l’école. »
Une école retrouvée, grâce à une volonté politique
Arrivées à Lubumbashi, épuisées, sans bulletins scolaires, sans carnet de notes, elles sont dirigées vers une école de la ville. L’école hésite : il n’y a aucune preuve qu’elles étaient en dernière année à Goma. Mais là, l’instruction de Madame la Ministre Raïssa Malu, mise en œuvre par l’Inspecteur général Hubert Kimbonza, change le cours de leur vie :
« Tout élève déplacé par les conflits pourra être inscrit sur simple déclaration dans une école de la République, en tenant compte de son niveau réel.«
Le directeur les inscrit. L’école les accueille. La République les reconnaît
Elles reprennent les cours en avril. Elles devront apprendre à connaître leurs nouveaux enseignants et leurs nouveaux amis. Elles n’ont pas de cahiers, pas d’uniformes. Mais elles ont la volonté furieuse de réussir, pour elles, pour leur mère, pour leur père, pour Goma.
Une résilience plus forte que la guerre
Durant trois mois, elles étudient chaque nuit, à deux sur un même lit, à la lueur d’une lampe. Elles se partagent les livres prêtés. Elles s’interrogent mutuellement. Elles reprennent les exercices d’avant la guerre, ceux qui n’ont jamais été corrigés.
Elles n’ont jamais parlé de ce qu’elles ont vu, ni de ce qu’elles ont perdu. Mais chaque matin, dans la cour de l’école de Lubumbashi, elles se lèvent avec une dignité qui émeut : celle de celles qui refusent d’être détruites.
En juillet, elles passent l’Examen d’État. En août, les résultats tombent. Les deux ont réussi avec brio, 65% pour Isabelle et 72% pour Marisha. Larmes. Silence. Puis explosion de joie.
Le directeur de l’école dira plus tard :
« C’était comme si l’histoire elle-même venait d’être contredite. Elles avaient tout perdu, sauf l’essentiel : l’espoir.”
L’école comme dernier refuge de la République
Ce témoignage n’est pas seulement celui de deux sœurs. Il est celui d’une politique publique juste, d’une circulaire pensée non pour gérer des chiffres, mais pour protéger des destins. Il est la preuve que l’école congolaise, quand elle est bien dirigée, peut être plus forte que la guerre.
Grâce à la vision humaine de Madame la Ministre Raïssa Malu et à l’engagement des inspecteurs et des chefs d’établissement, ces deux filles, qui représentent des milliers dans ce cas, ne seront pas une génération sacrifiée. Elles sont, au contraire, les visages d’une nation qui se relève.