Soucieux de la sécurité et de l’inclusion dans les écoles et en vue de répondre aux risques des violences basées sur le genre, exploitation, abus sexuels harcèlements sexuels (VBG/EAS-HS), ainsi que d’autres formes des violences faites aux enfants en milieu scolaire, le Ministère de l’ éducation nationale et nouvelle citoyenneté(EDU-NC) s’est engagé à relever le défi en instaurant le Mécanisme de Gestion des Plaintes (MGP), en mettant en place des procédures spécifiques pour gérer et traiter les plaintes d’EAS et de HS (MGP-EAS/HS) en plus de la signature, par tous les enseignants, de la déclaration d’engagement à respecter le Code de bonne conduite du personnel enseignant.
C’est dans ce cadre que le projet PERSE a identifié et formé de 21103 Points Focaux de lutte contre les violences basées sur le genre, exploitation, abus sexuels harcèlements sexuels (VBG/EAS-HS), à raison d’un point focal par école primaire, avec pour mission d’apporter une aide psychosociale de base et d’orienter les victimes vers les services locaux de prise en charge.
Depuis septembre 2019, le Gouvernement congolais a instauré la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques sur l’ensemble du pays. Cette mesure est l’une des réformes prioritaires contenues dans la Stratégie Sectorielle de l’Education et de la Formation 2016-2025.
Mis en œuvre par le Ministère de l’Education Nationale et Nouvelle Citoyenneté, le Projet d’Equité et Renforcement du Système Educatif, PERSE, exécuté avec l’appui financier de la Banque mondiale, a pour objectif de réduire le fardeau des frais scolaires sur les foyers, d’améliorer l’accès à l’enseignement primaire public et de renforcer les systèmes fondamentaux d’éducation au niveau national.
L’analyse sociale approfondie présentée en octobre 2024 dans le cadre du projet PERSE a identifié plusieurs risques sociaux dont ceux liés aux abus et exploitations scolaires (EAS/HS) auxquels sont exposés les enfants en milieu scolaire à cause de la promiscuité dans les salles de classe, la présence d’enfants d’âges avancés au primaire et le rapprochement d’élèves adolescents aux mœurs et sexes différents.
Par ailleurs, PERSE a mis en place le numéro vert 178 pour recueillir les plaintes relatives à l’exploitation, abus sexuels et harcèlement sexuels (EAS/HS), y compris le référencement des cas enregistrés vers les services de prise en charge des survivant(e)s.
Pour un meilleur fonctionnement du MGP, les acteurs clés, à tous les niveaux du dispositif, ont bénéficié de cette série des formations afin de leur permettre de jouer efficacement leurs rôles et d’assumer pleinement leurs responsabilités.
Ces formations exécutées en trois phases ont commencé par la formation d’un noyau central à Kisantu, avant de se poursuivre avec la formation des noyaux provinciaux et sous-provinciaux et de se terminer avec celle des Points focaux VBG, EAS/HS des écoles des provinces du Kasaï, Kasaï Central, Kasaï oriental, Congo Central, Bas Congo, Kwilu et Kinshasa au cours du mois de Mars 2025.
L’objectif de cette activité qui a impliqué 670 formateurs provinciaux déployés dans 305 Sous- Divisions en faveur de 20100 points focaux femmes, était de renforcer les capacités des acteurs associés à la gestion des plaintes d’EAS/HS dans le cadre du projet d’équité pour le renforcement du système éducatif (PERSE) visant à pérenniser la gratuité de l’enseignement.
En plus d’outiller les Points focaux dans les approches d’animation pour la prévention et la réponse aux risques EAS/HS, le soutien psychologique de base et l’orientation des cas vers les prestataires de prise en charge ainsi que dans la compréhension du fonctionnement du MGP en milieu scolaire, cette formation a permis aux cadres provinciaux et sous-provinciaux de maitriser les principes, les outils et approches de l’andragogie pour l’animation de la formation sur la gestion des cas VBG/EAS-HS, la gestion de l’information et la remontée des plaintes selon les principes et les procédures en respectant des délais en la matière. Performer l’écoute active, la communication avec les mineurs et la connaissance des risques des EAS/HS en milieu scolaire.
Ainsi, en témoigne, en ces termes, Mme Patricienne LUKADI du Centre de Formation de KATANGA au Kasaï :
« Je ne connaissais pas les types des violences et la différence entre abus, harcèlement ; cette formation vient de relever mon niveau de connaissance et je suis rassurée que cette connaissance me permettra de bien gérer au quotidien les plaintes et les cas des VBG EAS/HS dans notre école. »
De son côté M. BABISHA NTWARANYI Abraham, Proved de la Division provinciale de Mweka, assure que la formation des sur les VBG, EAS/HS était venue au moment où toute la communauté scolaire, enseignants, élèves et parents, tous, en avaient besoin. Nous espérons, dit-il, qu’elle aura un impact positif sur la question des abandons scolaires causés par les violences physiques et sexuelles devenues monnaies courantes dans les écoles.
Selon l’enquête MICS 2018, 23% de femmes et 24% d’hommes de 15 à 49 ans se sont personnellement sentis victimes de discrimination ou de harcèlement. La même enquête révèle que 64 % d’adolescentes subissent une initiation sexuelle forcée ou ont vécu leur première relation sexuelle de façon non consensuelle. L’accès à l’information et l’éducation sexuelle en faveur des jeunes demeurent encore un défi alors que 19% de jeunes filles âgées de 15-24 ans ont eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans et que le taux de fécondité précoce est de 24%.
D’après une étude réalisée par le Ministère du Genre en 2018 dans la ville de Kinshasa, 84 % de responsables d’écoles pensent que les conditions de vie familiales peuvent avoir de l’incidence sur l’abandon scolaire des élèves. 62% des personnes interrogées au cours de cette enquête estiment que les relations amoureuses que les élèves développent au sein ou en dehors de l’école peuvent causer certains abandons scolaires. Aussi 58% de cette catégorie pensent que les conditions d’apprentissage à l’école sont susceptibles d’impacter les abandons scolaires.
Notez que cette formation destinée à toucher les 10 provinces de mise en œuvre du projet PERSE n’a été effective que dans 7 provinces, à l’exception de celles du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri actuellement en proie à l’insécurité et sous occupation.
Elisée WABOMUNDUS, pécialiste en Communication PERSE