A Mweka, derrière les murs discrets du Centre des ressources éducatives de la sous-division (CRESD/Mweka), au cœur du Kasaï, se tient, depuis le 14 juin 2025, une formation dont l’impact pourrait bien dépasser le silence de ses débuts. Trente-deux inspecteurs et conseillers d’enseignement, venus de toute la province éducationnelle du Kasaï 2, ont momentanément troqué leur posture d’encadreurs pour celle d’apprenants.
Pendant cinq jours, ils s’engagent avec sérieux dans un atelier consacré au renforcement de leurs compétences en leadership pédagogique du directeur d’école primaire, pierre angulaire d’une école plus performante et mieux encadrée.
La cérémonie d’ouverture, présidée par le directeur de cette province éducationnelle, M. Babicha Tuaranyi, plante le décor : _« Nous n’avons pas droit à l’erreur. Vous êtes les premiers maillons d’un dispositif de formation en cascade. Ce que vous recevez ici, vous devrez le transmettre aux directeurs des écoles primaires publiques, et le faire bien. »_ L’appel est clair, et résonne comme un contrat moral.
Également présent, M. Kasanji Oscar Mudjibu, inspecteur principal provincial, a salué l’appui du Projet d’amélioration de la qualité de l’enseignement primaire (PEQIP), rendu possible grâce au financement du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE). Selon lui, investir dans le renforcement des encadreurs, c’est réarmer l’école congolaise à sa base.
La formation est officiellement lancée. Après les présentations, les deux formateurs centraux du Service national de formation des enseignants du primaire (SERNAFOR), Robert Kotambete et Émilienne Akenda, introduisent la méthodologie : approche participative. Très vite, les participants s’accordent sur un rituel : désigner un « chef du village » chargé de veiller à la discipline collective. Rires, clins d’œil, mais aussi beaucoup de respect. La dynamique se met vite en place.
Peu après, un pré-test est distribué. Chacun se penche sur sa copie avec sérieux. Les stylos glissent, avec hésitation parfois, mais l’on sent la volonté de donner le meilleur de soi. Ce n’est pas un concours : c’est un point de départ, un miroir de compétences.
Dans l’après-midi, les premières interactions s’enchaînent. On parle de leadership pédagogique, management éducatif, leadership pédagogique du directeur d’école. La salle vibre d’idées, de prises de position affirmées. Quelques désaccords surgissent, inévitables dans un espace de réflexion sincère. Les formateurs, posés et expérimentés, recadrent sans brusquer : ici, débattre, écouter et évoluer font partie intégrante de l’apprentissage.
Les liens se resserrent, l’atmosphère gagne en complicité et en concentration. Une inspectrice glisse à voix basse, presque comme une confidence : _« On sent que cette formation ne sera pas comme les autres. »_ Le ton est donné. Puis, place au concret : les participants se répartissent en sous-groupes pour entamer les premiers travaux collaboratifs. La mécanique pédagogique est en marche. Les choses sérieuses commencent.
Chronique d’un deuxième jour tourné vers l’action
Au deuxième jour de l’atelier à Mweka, la matinée s’ouvre sur un rituel attendu. Les participants s’attaquent à la lecture du rapport de la première journée. Ce moment, souvent perçu comme administratif, devient ici un exercice d’appropriation : on reformule, on questionne, on améliore. La mémoire de l’atelier ne se dicte pas, elle se co-construit.
Mais rapidement, les regards se tournent vers les véritables chantiers de la journée. Quatre groupes de huit participants se forment.
Chaque sous-groupe reçoit une thématique-clé à explorer : l’encadrement pédagogique des enseignants, les pratiques efficaces d’enseignement, le cycle d’encadrement pédagogique… Derrière ces intitulés se cachent des enjeux fondamentaux : comment mieux améliorer l’efficacité des pratiques d’enseignement ? Comment mieux préparer les participants à la formation en cascade ?
Les discussions sont animées, parfois vives, mais toujours constructives. Chacun apporte sa pierre, son vécu, ses interrogations.
Les formateurs, Robert Kotambete et Émilienne Akenda, veillent au grain avec bienveillance, recentrant les échanges sans jamais les étouffer. Ici, on débat, on doute, on propose et c’est cela qui fait la richesse de la journée.
En fin de journée, les participants se sont vus confier une tâche précise : mûrir les travaux en sous-groupes pour revenir demain avec des propositions affinées.
La troisième journée s’annonce comme un tournant, où la théorie laissera davantage place à l’opérationnel.
Cellcom PEQIP